jeudi 28 mai 2009

Les Attitudes et le Comportement du Chrétien face à la Sorcellerie (Par le Philosophe MPALA MBABULA Louis)

L’homme est un être complexe. Il est un mystère. Il vient de loin. A la différence des animaux, il aménage le présent et prépare le lendemain. Seul, parmi les autres êtres vivants, il enterre ses morts. Il est un être symbolique et cherche à savoir d’où il vient, où il est et où il va. Voilà pourquoi il cherchera à répondre à la fameuse question de « Qu’est-ce que l’homme ? ». Cette dernière le plonge dans le sens de la destinée humaine.
En outre, il verra que la vie n’est pas toujours ce qu’il veut qu’elle soit. On dirait qu’il y a quelque part un « ETRE » qui tisse sa vie à son insu. De ce fait, il cherchera à entrer en contact avec cet ETRE. S’il ne le fait pas, il peut arriver que cet ETRE prenne l’initiative de « contenter » cet homme confronté à l’énigme de la vie ; mais la plus grande question est celle de connaître la vraie nature de cet ETRE.

Avec la révélation divine, nous sommes, aujourd’hui, capables de donner la nature de tout ETRE spirituel avec qui l’homme entre et peut entrer en contact.
Ceci étant, nous disons que si l’homme n’entre pas en contact avec l’Etre spirituel et personnel appelé Dieu YHWH, il se connecte sur un autre Etre spirituel créé appelé Diable ou Satan. Ce dernier est à l’origine de la sorcellerie.
Toujours prise en elle-même, la sorcellerie se révèle ensuite être un pouvoir, c’est-à-dire une capacité d’agir, à distance ou de près, sur un autre être vivant ou qui a de la force. Tout tourne autour de la FORCE. Nous avons affaire à une GUERRE DE FORCES où l’on parlera même de position de force. Ce pouvoir, de par son origine, semble être au-dessus de toute force humaine, car pour l’acquérir il faut une certaine initiation. C’est à ce niveau que le « FISHIMBA »( gris pour avoir la force) et les « IFISHILA »(interdits afin de ne pas se déforcer) ont un sens d’être. Ce pouvoir présuppose aussi une conception du monde qui veut que ce dernier ait plusieurs plans ou consciences.
Devant ce phénomène têtu, le chrétien doit avoir certaines attitudes et un comportement digne de son nom. Par ailleurs, l’on doit se demander pour savoir qui est chrétien. Ne peut être chrétien que celui qui a la foi et qui sait que rien ne peut lui arriver sans la permission divine, car aucun de ses cheveux ne peut tomber sans que Dieu ne le sache. Ainsi il ne suffit pas d’être appelé chrétien pour être chrétien (Ps 23, 27,91,121,127,129).
Sachant que Dieu défend la pratique de la sorcellerie et de la divination (Dt 18,9-14 ; 7,25-26 ; Lév 18,21 ; 19,31 et 20, 4-5,27), le chrétien doit se tenir sur ses gardes et ne doit pas repousser les sorciers et devins. Il doit les considérer comme des êtres victimes ; toutefois, il ne doit pas oublier que Satan cherche à recruter ses agents parmi les serviteurs de Dieu. Que cela ne surprenne personne, car la Bible a tant d’exemples à ce propos : 2 R 17,7-18 ; 21,1-16 ; 1 R 14,1-19 ; 1 Sam 28,3-25 ; 2 ; Mac 12,33 ss.
L’on doit prier pour eux, et si cela est possible, l’on peut le faire avec le Ps 109 tout en signalant que vous recherchez leur salut. Le Notre Père nous contraint à prier pour eux.
L’on ne doit pas rendre le mal pour le mal : Rm 12,14-21 ; Dt 32,35 ; Jér 7,34 et 28 ; 1 Ps 5,8 ss ; Hb 10,30
L’on doit les assister et lui donner du pain quand il est dans le besoin : Gn 50,12-21.
L’on doit leur donner des conseils : Jér 19,13-17
Ne pas avoir peur d’eux mais les inviter à rencontrer Jésus et avoir sur soi les armes spirituelles (Eph 6,17).
N’oubliez jamais que notre SECOURS EST DANS LE NOM DU SEIGNEUR QUI A FAIT LE CIEL ET LA TERRE. Ainsi on doit se cacher dans le nom puissant de Dieu (Ps 8,3 ; 61,4 ; 121,2 ; 124,8 ;1 P 5,8 ; Jn 17,15 ; Col 1,13 ; Ps 18,1-7). Cachons-nous aussi dans le nom de Jésus : Eph 1,21 ; Rom 8, 31-37 ; Phil 2,10 ; Act 2,21 ; 1Jn).
La foi est la première condition pour un chrétien convaincu : Rm 10,9-13 ; ainsi nous pouvons même visiter les sorciers et partager leur repas : Col 2,15.
En dernière analyse, c’est aux pieds de Jésus qu’il faut tout déposer (Mt 11,28-29). Jésus a tout vaincu : Mt 28,18 et cachons en lui la vie : Col 3,3.
J’aimerai attirer votre attention sur un fait : la sorcellerie existe mais on ne doit pas croire en elle, si ce n’est pas en Dieu seul. C’est en Dieu seul qu’on doit placer sa confiance. C’est cela croire.
De tout ce qui précède, un chrétien sait que la sorcellerie existe puisque le Diable existe. En outre, il sait que Jésus a tout vaincu ; ainsi le Diable et les sorciers sont vaincus. En d’autres termes, nous devons savoir que la sorcellerie n’est rien, elle est comparable à une corde que l’on confond à un serpent.
Toutefois nous devons attirer votre attention sur les explications sociologiques de la sorcellerie. Même si ce n’est pas toujours le cas, nous devons reconnaître que parfois le soupçon et l’accusation de sorcellerie révèlent un conflit actuel ou passé des acteurs sociaux. De ce fait, la sorcellerie devient l’instance d’explication et d’un lieu d’exploitation des conflits, de la mort, des maladies. Mais contrairement à ce qu’affirment certains chercheurs, l’absence de la sorcellerie n’appelle pas nécessairement le bonheur social, car comme le dit si bien le proverbe bemba : « Ifimuti fikala pamo tafibula kushenkana =suite au vent, les arbres se cognent entre eux». Les conflits sociaux existent aussi longtemps que les hommes seront des animaux sociaux.
En outre, il serait obérant de réduire tout le phénomène têtu de sorcellerie à un reflet de la détérioration des rapports sociaux. Cela n’est pas toujours le cas. Que dire de cette personne qu’on assiste et qui, à la place de la reconnaissance, fait du mal à son bienfaiteur ? Sont-ce ses rapports sociaux détériorés qui l’ont poussé à commettre le mal ? Encore une fois, le proverbe bemba est plus réaliste que certaines explications qui se veulent scientifiques dans leur réductionnisme : « Amano ya ndoshi Kutumpa = l’agir du sorcier est absurde, c-à-d non déductible par la raison ».
Par ailleurs, il serait imprudent de toujours établir une relation de dépendance entre la sorcellerie et la crise socio-morale et qui poussera à affirmer que la sorcellerie est cause de la crise et que tout en n’étant pas la cause absolue, elle peut être son effet voire le moyen d’y remédier. Malemba, spécialiste sur les problèmes de la sorcellerie à l’Université de lubumbashi, me semble incomplet dans ses explications, car il passe sous silence certains témoignages (dans son Induction abstractive ≠ L’expérience directe) où certains sorciers manifestent, sans rancœur, le sadisme ou leur plaisir de faire du mal gratuitement. Ne dit-on pas , toujours avec le proverbe bemba, « uwalya akakwe tominwa mbila=celui qui a mangé un membre de sa progéniture, ne doit jamais être inquiété » ? En quoi ici la sorcellerie est un effet de la crise-morale ou un moyen d’y remédier ? Si, à la limite, dans ce cas, elle serait l’effet de la crise-morale, il n’est pas pour autant un moyen d’y remédier. La sorcellerie a sa propre logique qui dépasse parfois et non toujours l’explication sociologique, dialectique soit-elle.
Le réductionnisme rend aveugle. Chaque cas de sorcellerie est souvent différent d’un autre. Voilà pourquoi, l’explication du phénomène têtu de la sorcellerie demande la collaboration du THEOLOGIEN , du PHILOSOPHE, du PSYCHOLOGUE, du SOCIOLOGUE, de l’ANTHROPOLOGUE, du PASTEUR, du SORCIER et de l’ENSORCELLE.

Texte choisis par Joël Kalumba akateme imiti ubwikele.

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